|
|
| La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} | |
| Auteur | Message |
---|
| Sujet: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Ven 31 Mai - 20:27 | |
| Allistair était ... Comment qualifier son état d’esprit ? C’était un mélange de plusieurs sentiments et sensations en même temps. Mais une seule personne en était la cause : Grace. Depuis un bon moment maintenant, elle l’évitait. Elle passait plus de temps chez sa meilleure amie (que d’ailleurs, il ne pouvait pas encadrer) qu’avec lui. D’accord, elle ne l’avait pas vu pendant un moment ... mais quand même ! C’était sa Grace, il ne la partageait avec personne. Donc déjà ça, ça l’embêtait. Surtout que même quand elle était à la maison, elle l’évitait. Et elle semblait si fatiguée ... C’était peut-être la fin de l’année, mais il pressentait qu’il y avait autre chose. Et cela lui faisait mal de la voir comme ça, surtout qu’il n’avait absolument aucune idée de pourquoi. Il n’avait rien à se reprocher, ils ne s’étaient pas spécialement engueulé (et de toute façon, elle avait toujours le dernier mot quand c’était le cas).
Il s’inquiétait. Et Allistair inquiet, c’est vraiment quelque chose. Il lui arrivait de se réveiller la nuit et de ne pas réussir à se rendormir, car elle n’était pas à ses côtés. Le matin, elle n’était pas forcément là pour lui. Et quand il avait un coup de blues, il ne pouvait pas aller se réfugier dans ses bras. Son sourire n’illuminait plus ses journées. Et c’est là qu’il se rendait compte à quel point elle était indispensable pour qu’il aille bien. Pendant un temps, il s’était plongé dans le travail, refusant de voir la vérité. Il passait ses soirées dans son bureau, rentrant de plus en plus tard. Les week-ends, il les passait à corriger des copies et à préparer ses cours. Ses étudiants avaient bien senti le changement, vu qu’ils s’étaient retrouvés avec une charge de travail impressionnante.
Mais cela ne pouvait plus durer. Elle était sa drogue, sa raison de vivre, de se lever le matin, d’être heureux. Hors de question qu’il la laisse disparaître comme ça. Il allait tout faire pour la retenir. Cela lui rappelait la fois où il lui avait couru après, après qu’elle se soit fait rentrée dedans par un motard et qu’elle ait fini à l’hôpital ... Elle avait voulu mettre de la distance et il l’en avait empêchée. Ils n’étaient alors que de simple amis. Maintenant, un an plus tard qu’ils étaient fiancés (et ça faisait bizarre de se considérer comme tel), il avait encore moins de raison de la lâcher.
C’est bizarre qu’elle cherche à te fuir en permanence ... Une petite voix susurrait à son oreille. Vu son comportement, on aurait pu croire que Grace ne voulait plus de lui et que c’était sa manière de lui faire comprendre. Mais il la connaissait et il savait que c’était parce que quelque chose n’allait pas et elle ne voulait pas le faire souffrir. Sauf qu’il était déterminé à savoir la vérité.
Elle ne rentrait plus à la maison ? Qu’à cela ne tienne, il allait la choper à la fac. Il avait récupéré son emploi du temps et attendait impatiemment devant son amphi’. Dès que les premiers étudiants commencèrent à sortir, il rentra à l’intérieur. Il balaya rapidement la salle des yeux et l’aperçut. Il alla à sa rencontre, l’empêchant de sortir.
« Mademoiselle Burton, il faut qu’on parle. Vous voulez bien me suivre dans mon bureau, s’il vous plaît ? »
Il avait parlé d’une voix inflexible et il la fixait, l’implorant silencieusement de le suivre ... et de lui parler. Quelques personnes commentèrent la scène, mais connaissant la réputation du professeur, comme quoi il n’hésitait pas à venir chercher ses étudiants pour les engueuler, personne ne s’interposa ou ne se posa trop de question.
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Ven 31 Mai - 21:31 | |
| J’étais allongée dans le lit de la chambre d’ami d’Ever, les yeux grands ouverts, contemplant le plafond en essayant tant bien que mal de ne pas penser. Je me tournais, me retournais mais il n’y avait rien à faire, le problème de ces derniers jours me revenait constamment à l’esprit. Je me levais avec lenteur, enfilais un sweat, mon joggins, mes baskets et malgré l’interdiction de ma filleule, je partis courir. J’avais besoin de me vider la tête, de décompresser, ces dernières semaines avaient été particulièrement éreintantes pour moi. Pour cause, j’avais été mis à l’arrêt par mon chef des services…
Morte de honte, cela faisait des semaines que j’évitais Allistair ce qui était particulièrement difficile. J’avais besoin de lui, de son odeur, de ses bras, son contact, son rire…Il m’arrivait d’assister à ses cours ; rien que pour le voir, entendre sa voix. J’étais peut-être en train de tout gâcher entre nous, le pauvre ne devait rien comprendre à ma soudaine distance…Je me sentais si nulle. L’annonce de ma grossesse surprise m’avait mise dans un état, qu’au lieu d’affronter la réalité en lui faisant partager cette nouvelle, j’avais fuie comme une lâche, trouvant chez Ever un refuge. Elle m’avait accompagné chez l’obstétricien pour avorter…Je venais de vivre les instants les plus difficiles de ma vie, une remise en question totale et même si ma filleule avait tout fait pour me soutenir, je n’avais besoin que d’une seule personne : lui. Après tout, c’était notre bébé, une part de lui et moi. Je ne pourrais pas indéfiniment me cacher, tôt ou tard il fallait que j’assume mes responsabilités. Mais comment lui dire ?! Lui avouer ?! Il avait si peur des engagements…Déjà que nos fiançailles étaient une étape dans sa vie, je ne souhaitais pas le brusquer…Pas avec ça. D’où ma décision précipitée d’avortement, une grosse erreur.
Au final, même en faisant mon jogging, je ne parvenais pas à chasser les soucis qui me rongeaient. Après une heure de course à pied, je rentrais à la maison pour me préparer à aller en cours Mes traits étaient toujours tirés mais mes nausées matinales avaient disparues. J’avais choisi mes vêtements avec soin pour dissimuler mon ventre qui s’arrondissait, avais attaché mes cheveux en un chignon serré et étais partie le plus tôt possible en espérant que mon cours me changerait les idées. Contrairement à mon habitude, je respectais les limites de vitesse indiquées et arrivais pile à l’heure. Le cours passa plutôt rapidement à mon plus grand regret. Alors que je sortais en discutant de biologie moléculaire, une voix me stoppa net, une voix que j’aurais certainement reconnue entre toutes…Je me retournais et fis face à mon irlandais préféré que je n’avais pas vu depuis une éternité. Mon cœur s’accéléra alors que nos regards se croisaient…Il m’avait tellement manqué…Sa voix se faisait dur mais je pouvais lire la lueur suppliante dans ses yeux, il semblait inquiet…
-Hum…Oui, Monsieur.
Boum boum boum. Aucun de nos deux n’engagea la conversation dans le couloir et nous le traversions en silence. Pendant que nous marchions, je l’examinais du coin de l’œil, sa barbe était mal rasé, des cernes étaient visibles sous ses yeux et des larmes me montèrent automatiquement aux yeux. Je m’étais comportée en une véritable égoïste et étais paniquée à l’idée de devoir tout lui avouer. Comment allait-il réagir ? Allait-il m’en vouloir ? Je me sentais si nulle, si lasse…Je me sentais si mal de l’avoir inquiété…J’entrais dans son bureau qui était étrangement rangé, à croire que lui aussi avait voulu s’occuper l’esprit et alors qu’il fermait la porte, baissais les stores, je me glissais dans ses bras, laissant échapper un sanglot évacuant toute ma frustration, douleur de ces dernières semaines...J'étais tellement désolée…Je l’avais enfin retrouvé et allait peut être le perdre pour toujours.
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Ven 31 Mai - 22:01 | |
| Il l’emmena à son bureau, les mains enfoncées dans les poches, complètement muet. Que pouvait-il dire de toute façon ? Il y avait trop de monde autour. Il entendait les murmures sur son passage. Le professeur s’était trouvé une nouvelle victime ... Au moins, il était sûr que personne ne viendrait le déranger, que ce soit étudiants ou collègues, ils auraient trop peur que sa prétendue colère retombe sur eux. Finalement, cette réputation de crevard pouvait avoir du bon ... Une fois arrivé dans son antre, il ferma la porte derrière Grace et alla baisser les stores, pour être sûr que personne ne pourrait les voir.
A peine se retourna-t-il que Grace vint à lui. Il la prit dans ses bras, la serrant contre lui, enfouissant son visage dans ses cheveux, respirant son parfum qui lui avait tant manqué. Il était déstabilisé de la voir pleurer comme ça. Pour une fois, ça allait être à lui d’être fort et de la réconforter. Après tout ce qu’elle avait fait pour lui, il lui devait bien ça quand même ... Il lui caressa doucement le dos pendant un long moment, se contentant d’essayer de la rassurer. Au moins, elle s’était laissée aller, c’était déjà ça ...
« Ma belle ... qu’est ce qui te met dans cet état ? »
Une fois qu’il la sentit un peu calmé, il s’écarta d’elle et la fit asseoir sur une chaise. Elle avait un peu une tête de déterrée. Il sortit un paquet de mouchoir de sa poche et lui tendit, avant de prendre place juste en face d’elle. Une fois qu’elle eut fini de s’essuyer les yeux, il prit ses mains entre les siennes et la fixa de son regard un peu perdu.
« Grace, qu’est ce qui se passe ? Et ne me dis pas rien, je vois bien qu’il y a un problème. C’est moi ? J’ai fait quelque chose de mal ? Ou ... ou quelqu’un d’autre ? Je t’en supplie, parle moi. Dis-moi ce qui ne va pas. »
Personne n’avait le droit de faire pleurer Grace. Même pas lui. Il s’en était fait la promesse en Irlande que plus jamais, il ne la ferait pleurer. Bon, c’était apparemment loupé, mais il allait agir. Pour une fois, il serait son super-héro, celui qui sauvait sa petite amie en détresse et avec qui, le monde semblait plus beau et plus rassurant. Il serait son soutien. Il serait son protecteur. Il murmura, serrant ses doigts autour des mains frêles de la jeune femme :
« Je ne supporte pas de te voir pleurer comme ça. »
Qui supporterait de voir la femme de sa vie en pleurs ? Peu de monde. Il continuait de la fixer, une expression inquiète peinte sur le visage. Un point de vue extérieur se rendrait facilement compte que l’un sans l’autre, ils n’étaient rien. Ils se détruisaient à mettre de la distance entre eux. Il ne restait plus qu’à espérer qu’ils s’en rendraient compte avant de faire une connerie ... Bien qu’Allistair semblait vraiment déterminé à finir sa vie avec elle.
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Ven 31 Mai - 22:51 | |
| Je me laissée allée dans ses bras, ma tête appuyée contre son torse, de lourdes larmes roulant sur mes joues. Mon corps entier tremblait secoué de sanglots insurmontables. Moi qui avais tendance à toujours dissimuler mes sentiments, moi que l’on surnommait : « La Reine des glaces », je craquais littéralement. Je laissais évacuer mon chagrin, ma peur, mes doutes, blottie dans ses bras, en sécurité. Il passa une main dans mon dos en un geste de réconfort alors que je le serrais de plus en plus fort contre moi, ayant peur de le perdre. Surpris de me voir dans cet état, Allistair essayait tant bien que mal de savoir ce qui se passait, je sentais l’inquiétude transperçait sa voix alors qu’il cherchait légitiment des réponses… « Qu’est ce qui me met dans cet état ? », simplement le fait qu’un accident allait peut-être ruiner notre couple…Peut-être que mon irlandais préféré ne voudrait plus jamais m’adresser la parole, ni me voir…Je poussais un profond soupir me calmant légèrement. Il avait le droit de savoir…
Il me fit asseoir sur une chaise, évoquant mon teint pâle avant de m’apporter un mouchoir ainsi qu’un verre d’eau. Les autres élèves n’avaient nullement droit à ce traitement de faveur, pensai-je alors que je déchirais nerveusement le mouchoir entre mes mains. Il s’installa en face de moi, me dominant presque de toute sa hauteur avant de prendre mes mains dans les siennes. Mon cœur se serra quand il se crut coupable de mon chagrin. Je me sentais tellement lâche et désolée de l’avoir rendu malheureux par ma distance, ma fuite. Le pauvre avait véritablement dû se ronger les sangs alors que je n’étais pas à ses côtés. Sans lui, je n’étais rien…S’il décidait de partir, je…je, de nouvelles larmes roulèrent sur mes joues…Je baissais les yeux alors qu’il me posait à nouveaux des questions. Il méritait de savoir. Mon regard resta obstinément fixé sur mes pieds alors que je m’apprêtais à tout déballer, honteuse, inquiète, confuse et morte de peur.
-Je suis désolée d’être partie sans rien dire…Je…Je ne savais pas quoi faire. Il y a deux semaines, j’ai fait un malaise à l’hôpital…J’ai vraiment cru que c’était la grippe, j’enchainais les gardes, j’étais plutôt fatiguée…Mais…C’est là que je l’ai découvert. *Je levais timidement les yeux vers lui alors qu’une lueur d’inquiétude traversait son regard puis repartais dans la contemplation de mes converses*Oh… Ne sois surtout pas inquiet, je..Je..Je ne suis pas malade…Ce jour-là, j’ai eu un doute alors…Alors J’ai fait une échographie et j’ai découvert que j’étais…Enceinte…*ma voix s’étrangla alors qu’un nouveau sanglot me submergeait*. Je suis désolée Allistair, je suis si désolée, c’était un accident, je ne voulais pas te faire ça…je te le jure. C’était un accident…
Je lâchais ses mains, mes yeux demeurant fixé sur le sol, essayant tant bien que mal de sécher mes larmes qui ruisselaient sur mes joues. J’étais incapable d’affronter son regard, de découvrir son expression…Je ne voulais pas lire la froideur dans ses yeux, je ne voulais pas qu’il me voit différemment que comme sa petite Grace adorée…
-Ce n’est pas tout…J’avais tellement peur de ta réaction que…Le lendemain j’ai…Je suis allée chez un obstétricien pour me faire avorter…Mais…Tu comprends, je sais que tu as peur des engagements et je ne voulais pas t’imposer un bébé alors que tu n’étais pas prêt ou…Mais…Mais…Je…
Ma tête tournait alors que la chaleur me montait aux joues, ma voix n’était plus qu’un murmure alors que je n’arrivais pas à terminer ma phrase pour lui avouer la terrible vérité : Je n’avais jamais réussi à avorter…J’en avais été incapable. C’était notre bébé, une part de lui et moi…Je me revoyais allongée sur la table, prête à faire la pire bêtise de ma vie et j’avais finalement décidé de rentrer chez moi et de garder ce bébé. Je ne pouvais pas faire ça. A la seconde où je l’avais vu sur l’écran de l’échographie, je n’avais pas pu…
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Sam 1 Juin - 15:14 | |
| Enceinte ? Il avait bien entendu ce mot ? C’était donc ça la raison de son éloignement ... Ce fut un choc pour lui et il resta quelques secondes complètement figé, le temps de digérer l’information.
« Pardon ? Mais ... Comment ? Mais ce n’est pas possible ! Mais quand ? Mais t’es sûre ?! »
D’un côté, il paniquait complètement. De l’autre, la partie rationnelle de son cerveau lui disait que ce n’était pas la fin du monde. Après tout, ils étaient en âge d’avoir un enfant et ils pourraient totalement l’assumer. Et puis, il avait déjà trente-six ans, il allait bien falloir qu’il y pense un jour. Alors oui, c’était peut-être un peu précipité mais bon ... Cependant, la suite du discours de Grace changea tout. Il l’attrapa par les épaules.
« Dis-moi que tu l’a pas fait ! Grace, dis-moi que tu n’as pas avorté ! »
Il avait envie de hurler un bon coup, pour faire sortir la colère qui enflait en lui. Mais en même temps, il savait très bien qu’elle avait besoin d’autre chose, qu’il la réconforte, qu’il lui dise que ce n’est pas grave, qu’il comprenait sa réaction ... Sauf qu’il ne comprenait pas ! Comment pouvait-elle avoir peur de lui ? I lui avait prouvé à maintes reprises qu’il l’aimait, elle savait très bien qu’elle était tout pour lui et que jamais il ne la quitterait, lèverait la main sur elle ou quoi que ce soit dans ce genre là. Mais apparemment, il se trompait ... Plutôt que de crier, il murmura d’une voix pleine d’amertume :
« Bordel, je pensais que t’avais compris que maintenant, j’étais prêt à tout pour toi ... Même à m’engager, même à assumer. Tu aurais dû en parler dès le début et on en aurait discuté, on aurait pris une décision ensemble. Tu aurais dû savoir que je ne te jetterais pas pour ça. »
Il se leva brusquement et se mit à faire les cents pas, tournant en rond. Il se sentait blessé et il voyait là un manque de confiance en lui. Oui, c’est ça, elle ne lui faisait absolument pas confiance. Il se tourna vers elle, presque agressif.
« Et ça allait être quoi ma réaction d’après toi ?! »
C’était la première fois qu’il lui parlait ainsi ... Bien sûr, ça leur était déjà arrivé de se bouffer le nez, mais il avait toujours fait attention à ne pas se montrer trop méchant ou blessant. Sauf que là ... C’était trop. Il croisa les bras, la regardant froidement. Elle pouvait découvrir là une nouvelle facette d’Allistair, qui n’allait pas forcément lui plaire ...
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Sam 1 Juin - 17:49 | |
| Je hochais timidement la tête alors qu’il me demandait si j’étais certaine d’être enceinte. Je revoyais sans cesse l’image de l’échographie qui me montrait notre bébé. J’en avais passé une nouvelle, il y a quelques jours, pour être rassurée quant à l’état de santé de ce petit être qui grandissait doucement. Tout était parfaitement normal. Suivant à la lettre les recommandations nutritionnelles, j’avais pris environs 1,5 kilo et le fœtus se portait à merveilles. J’allais bientôt entamé mon quatrième mois de grossesse, mes nausées avaient disparues et ma fatigue avait légèrement diminuée. Bref, je me sentais mieux dans ma peau et regrettais tellement de ne pas avoir partagé ces moments avec Allistair.
Avant que je ne puisse finir ma phrase concernant l’avortement, il m’attrapa par les épaules me secouant comme un prunier. Il avait l’air fou de rage, ses yeux étaient remplis d’un mélange de tristesse et de trahison. Je regrettais amèrement d’avoir agi comme une lâche et de ne lui avoir rien dit. Je n’étais pas tellement habituée à pouvoir compter sur quelqu’un. En effet, j’avais passé quasiment la moitié de ma vie à vivre seule et à régler mes problèmes comme une grande. Cependant, j’avais eu tort d’agir dans son dos, je le savais. Après tout, nous étions fiancés, il fallait que j’apprenne à baisser ma garde et à mêler mon irlandais préféré à mes soucis, même si cela impliquait de le décevoir.
Il se mit alors à me parler de manière agressive. Certes, il ne criait pas, mais sa voix pleine d’amertume fut pire que des cris et mon cœur se serra. C’était la première fois que je le voyais dans un tel état d’agitation et de colère. C’était comme s’il était soudainement devenu une autre personne, une personne totalement remontée contre moi. Il me cracha en pleine figure ce que je ne voulais surtout pas entendre : mes erreurs. J’avais eu tort de ne pas me confier…De ne pas compter sur lui alors que je savais qu’il était le seul capable de m’épauler. Mais je n’avais pas besoin qu’il me fasse la leçon et je n’aimais pas le ton qu’il employait avec moi. Je me levais à mon tour, la colère s’emparant de moi.
-Wahou, doucement Monsieur Rowlan, baisses d’un ton, je ne suis pas une de tes petites étudiantes que tu essayes d’effrayer en prenant un ton autoritaire ! Je ne savais pas comment tu allais réagir en apprenant que j’étais enceinte ! J’étais terrifiée, terrifiée tu entends ? …Je ne savais pas quoi faire…Je ne voulais pas te décevoir, je me sentais honteuse, apeurée, je me disais que j’allais peut-être gâchée ta vie !
Je m’approchais de lui, les sourcils froncés, le défiant littéralement du regard alors que la froideur s’emparait également de moi.
-Je reconnais mes torts, j’aurais dû t’en parler mais sur le moment, j’étais désorientée. Ca fait des semaines que je dors à peine, j’ai vécue les pires moments de ma vie loin de toi et tu me fais culpabiliser ?! Tu me reproches, d’avoir été lâche ?! . J’aurais bien voulu t’y voir à ma place ! Personnellement, je ne suis pas venue ici pour entendre tes leçons de moral et pour ta gouverne, si tu m’avais laissé finir, je suis toujours ENCEINTE !
Le silence nous envahit alors que l’on se foudroyait littéralement du regard. La tension était à son comble. J’étais si proche de lui que je pouvais sentir son souffle sur mon visage, son parfum…Mon cœur battait à une vitesse incroyable tandis que je regardais ses lèvres avec envie. Nos regards rivés l’un sur l’autre étaient intenses alors que nos lèvres se rencontrèrent en un baiser passionné. Mes bras se nouèrent autour de son cou alors qu’il me portait jusqu’à son bureau tandis que notre baiser se fit plus doux. Il m’avait tellement manqué ! Sa peau, son odeur, ses yeux…Oh mon dieu, comme je l’aimais ! Il balaya les affaires qui se trouvaient sur son bureau en un geste de la main alors qu’il me déposait délicatement dessus. Il glissa une main sous mon chemisier et notre baiser cessa alors qu’il s’attardait sur mon ventre arrondi…Je baissais les yeux...
-je suis désolée'' murmurai-je*
…La réalité nous avait très vite rattrapée… |
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Sam 1 Juin - 19:40 | |
| Il prit conscience de la façon dont il venait de lui parler. Et il le regrettait. Quel crétin. Incapable de se retenir. Et si ça se trouve, il avait tout foutu en l’air, juste parce qu’il n’avait pas su se la fermer. Grace lui lançait la vérité à la gueule. A vrai dire, il avait le rôle facile dans l’histoire. C’était elle qui portait cet enfant, pas lui. C’était elle qui allait devoir l’assumer jusqu’au bout, pas lui. Il aurait voulu lui répondre, mais il s’écrasa. De toute façon, elle avait toujours le dernier mot, car elle avait bien plus de caractère que lui. Une fois qu’on lui rentrait dedans, le petit Irlandais ne disait plus grand-chose. Surtout qu’il savait pertinemment qu’elle avait raison et que d’en rajouter une couche ne servirait à rien, si ce n’est à envenimer la situation. Et il avait trop peur de la perdre juste parce qu’il avait eu envie de jouer la forte tête.
Le silence. Il était insoutenable. Allistair la fixait, ne sachant pas trop comment réagir. Devait-il attendre qu’elle fasse le premier pas ou devait-il s’excuser ? Il n’était pas fort pour se faire pardonner. Mais il était prêt à le faire. Et à ranger sa fierté de merde au placard. Car là, c’était l’équilibre de leur couple qui était en jeu ...
Mais cela se finit comme il s’y attendait, embrassant Grace avec passion et la serrant contre lui. Il l’aimait et cela faisait trop longtemps qu’il ne l’avait pas vue. Il la porta jusqu’à son bureau. Une main timide vint se poser sur le ventre arrondi de sa belle. Derrière il y avait son enfant. Leur enfant. C’était bizarre d’y penser, mais il allait bien devoir s’y faire. Il colla son front contre celui de Grace, incapable de se détacher d’elle ne serait-ce que quelques secondes.
« T’as pas à t’excuser. J’ai aussi ma part de responsabilité. Tu n’es pas seule. »
Il l’embrassa, ne pouvant se retenir. Dieu, qu’elle lui avait manqué ! Ses mains vinrent caresser doucement les joues de sa dulcinée, tandis qu’i la fixait dans les yeux.
« Tu n’es pas toute seule. Je suis là, d’accord ? Je m’excuse pour ce que je t’ai dit. C’était totalement disproportionné, injustifié, méchant ... Pardonnes moi mon amour. Mais je me suis tellement inquiété pour toi, de ne plus te voir, sans explication ... Tu sais à quel point je suis perdu sans toi. Je ne voulais pas te faire culpabiliser. Tu es la personne la plus précieuse à mes yeux. Et je serais bien mal placé pour te rapprocher d’avoir été lâche ... »
Lui-même l’avait pas mal été par le passé. Maintenant qu’il avait la tête un peu plus fraîche, il se dit qu’à sa place, il aurait sûrement agis pareil. Voir pire. Il se serait enfui, comme il l’avait déjà fait maintes fois dans sa propre vie. Il connaissait ce sentiment d’être mis en face de quelque chose qu’on ne contrôle pas et qui nous fait peur.
« Ce n’est pas vraiment le bon endroit pour parler de tout ça ... »
Parce qu’ils devaient avoir une grande discussion. Allistair avait énormément peur du futur et si jusqu’à maintenant, il ne lui avait pas trop montré, c’était peut-être le moment de lui en parler. Et un enfant, ça impliquait tellement de choses ... Parce que dans sa tête, c’était clair qu’ils le gardaient. Il demanda d’une petite voix :
« Tu rentres à la maison maintenant, hein ? »
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Sam 1 Juin - 20:35 | |
| Allistair resserra son étreinte et posa son front contre le mien. Sa main resta sur mon ventre comme s’il essayait de toucher du bout de ses doigts cette réalité nouvelle : nous allions avoir un enfant. C’était assez étrange d’imaginer que nous allions devenir des parents alors que je n’en avais jamais eus. Bizarrement, jusqu’à présent, j’avais fait en sorte d’occulter le fait que j’allais devenir une mère. Certes, j’étais enceinte mais étais plutôt terrifiée au nouveau tournant que prenait ma vie. -Je suis désolée de t’avoir crié dessus, lui dis-je comme une enfant. Et je suis désolée de ne pas t’avoir mis au courant de ma grossesse, de t’avoir inquiéter inutilement. Je sais que je peux compter sur toi, je t’aime Allistair et je ne veux pas te perdre !
Il m’embrassa comme pour me faire taire afin que je ne m’excuse plus. Mais à présent que la tempête était passée, je m’en voulais d’avoir élevé le ton alors qu’une dispute n’était vraiment pas une solution à notre problème. Nous avions besoin de nous retrouver, de discuter afin de construire l’avenir. J’avais agi comme une véritable égoïste et j’avais dorénavant conscience que je ne pouvais pas m’enfuir loin de lui. Il était tout ce que j’avais. Je fus plutôt soulagée qu’il me propose de quitter son bureau pour retrouver notre chez nous. Certes, j’avais encore cours mais mon esprit était préoccupé par notre violente discussion et ce n’était pas la première fois que je séchais.
Il m’aida à descendre de son bureau, me prit une dernière fois dans ses bras avant de franchir la porte… Dans les couloirs, nous reprenions une attitude d’élèves/professeurs même si j’avais une folle envie d’entrelacer mes doigts aux siens. Des élèves commentèrent notre passage et me regardèrent avec pitié. Décidément Allistair avait vraiment une réputation de tyran. Arrivés sur le parking, je grimpais dans sa voiture, incapable de prendre le volant encore trop submergée par notre conversation. Le trajet se fit en silence. Nous étions, tous les deux, plongés dans nos pensées qui étaient certainement les mêmes : le bébé. Est-ce qu’il avait envie de le garder ? Devais-je arrêter mes études ? Tout était confus.
Je ne pris même pas conscience que nous étions garés devant la maison, tellement mon esprit avait été submergé par mes pensées fugaces. Allistair, fit le tour de la voiture et vint m’ouvrir la portière avant de me soutenir avec un bras comme si j’étais en sucre. J’espérais vraiment qu’il voudrait, poursuivre cette grossesse…J’expliquais difficilement la raison pour laquelle je voulais garder ce bébé mais en réalité c’était assez simple. Même s’il avait été conçu par accident, il s’agissait du fruit de notre amour à tous les deux, une part de lui vivait désormais en moi…Je ne savais pas comment j’allais réagir si je découvrais qu’Allistair ne voulait pas de ce petit être… J’étais heureuse de retrouver notre maison. Je m’y sentais si bien. Allistair enleva sa veste, la déposa sur mes épaules, me fit asseoir dans le canapé avant de partir me chercher une tisane bien chaude. Une fois revenu, je bus quelques gorgées du breuvage, attendis qu’il s’installe à mes côtés pour sortir la photo de l’échographie que j’avais rangé dans mon sac. Je lui tendais, guettant sa réaction, mon cœur s’accélérant alors que j’avais peur qu’il la rejette.
-Elle a été prise, il y a trois jours, je suis enceinte de 13 semaines environ, tiens prends la…Tu sais…Quand j’étais allongée sur la table de l’obstétricien et que j’ai entendu ce petit cœur battre, j’ai été incapable d’avorter, tu comprends ? Je ne pourrais pas t’expliquer ce qui m’en a empêché mais…Même si j’étais profondément surprise, apeurée…Une part de moi était vraiment heureuse. Je t’aime Allistair et j’espère que je ne te déçois pas trop en te disant que je veux garder cet enfant…
Je posais une main sur son genou, cherchant du réconfort |
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Sam 1 Juin - 21:21 | |
| Le trajet jusqu’à la maison se fit en silence, chacun plongé dans ses réflexions. Mais toute la tension avait disparu et c’était clairement mieux ainsi. Il s’était braqué, car il avait eu peur, il avait été en colère, il avait été complètement dépassé par les événements et ça avait été sa façon à lui de le montrer. Il s’en voulait, même si elle lui avait pardonné. Ce n’était pas vraiment un bel exemple ...
Une fois arrivé, il s’occupa de Grace. Maintenant qu’il savait sa condition, il n’allait pas pouvoir s’empêcher de la surprotéger. Elle était fragile et il se devait de se montrer présent. Oh oui, il allait être vraiment lourd pendant tout le reste de sa grossesse ... mais c’était pour son bien. Il l’installa sur le canapé, lui apporta une tisane et s’assit à côté d’elle. Il prit l’échographie qu’elle lui tendait.
Alors c’était ça. Cette chose là, qu’il avait bien du mal à discerner, c’était son futur enfant. Il resta un moment pensif devant le bout de papier. Alors Allistair, es-tu prêt à assumer, comme tu le dis si bien ? Il ne répondit pas de suite à Grace, ne pouvant détacher ses yeux. Ce petit être, fragile, qui ne ressemblait pas à grand-chose ... Mais qui représentait beaucoup. Il représentait tout l’amour, toute l’adoration qu’il vouait à Grace. Il posa sa main sur la sienne et lui adressa un doux sourire.
« Pourquoi tu me décevrais ? C’est peut-être un accident, on ne s’y attendait absolument pas ... mais je pense qu’on est prêt. Alors si tu veux le garder, je te suivrais jusqu’au bout. Ce sera notre enfant. »
Allistair papa ... Ca allait être comique. Mais il était prêt à relever le défi. Au pire, si son môme se transformait en monstre, il rejetterait la faute su Grace (c’est toujours la faute de la mère de toute façon). Non, sérieusement, il dépassait ses peurs. Encore un engagement ... Ca faisait beaucoup en peu de temps. Serait-il en train de changer ?
« Mais comment tu vas faire ? Pour tes études ? Pour ton boulot à la clinique ? Et ... pour expliquer ça aux gens ? »
Ils avaient dû être discrets sur leur relation jusqu’à présent, car un professeur qui sort avec une étudiante, c’est assez mal vu, même si vu leur âge, ils avaient le droit de faire ce qu’ils veulent. Sauf que là, il y allait forcément avoir des questions et les réponses évasives ne suffiraient plus. Et quand il sera né (oui, il se projette loin dans le futur), les gens voudront passer le voir et Allistair ne pourrait pas aller se cacher à chaque fois. Ils allaient devoir dire la vérité.
« Avec ton accord, je pensais aller voir Hurd-Wood pour lui en parler. Parce que je crois que ça serait mieux qu’il l’apprenne par nous plutôt que par une rumeur ou un ragot. »
Ca passerait sûrement mieux s’il allait voir le doyen lui-même et qu’il lui disait la vérité, sans attendre qu’elle soit amplifiée par qui que ce soit. Il risquait son poste sur ce coup-là, mais il prenait le risque. Entre son bonheur et son travail, il n’avait même pas besoin de réfléchir pour faire un choix ...
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Dim 2 Juin - 22:41 | |
| Il me prit la main en m’assurant que je le ne le décevais pas et qu’il était prêt à assumer ce petit être. Mon cœur se serra. J’avais été tellement idiote de croire qu’Allistair m’abandonnerait alors qu’il avait toujours été présent pour moi. C’était lui qui avait réussi à me reconstruire alors que je n’étais plus que l’ombre de moi-même, lui qui me réconfortait quand je faisais des cauchemars le soir, lui qui m’acceptait tel que j’étais…Il restait toujours à mes côtés, malgré les épreuves. En réalité, ce n’était pas tellement de lui que j’avais douté mais plutôt de moi. Si Allistair avait 36 ans et moi 30, je devais avouer que je ne m’étais jamais projetée comme une mère de famille et à vrai dire, jusqu’à ma rencontre avec mon irlandais préféré, j’imaginais passer le restant de ma vie seule. Ainsi, savoir que je portais un enfant m’avait légèrement terrifié. J’avais déjà dû mal à m’occuper de moi-même alors d’un bébé…C’était fini les joggings tardifs, les soirées alcoolisés, les repas manqués, à présent je devais prendre soin de moi…Chose qui n’allait certainement pas être facile !
A l’évocation de mon boulot, mes études, mon visage se fit soudainement soucieux. Après de nombreuses discussions avec Ever, j’avais finalement tranché pour cette partie du problème, une décision qui n’avait pas été des plus faciles. En effet, étant une élève brillante (sans fausse modestie), il me restait encore un an et je passais ma thèse pour devenir médecin urgentiste. C’était mon rêve de devenir médecin mais Allistair et notre futur bébé passaient avant tout le reste. C’est pourquoi, j’avais décidé d’arrêter mes études pour élever notre enfant, tout du moins jusqu’à ce qu’il soit en âge de rentrer à l’école maternelle. Il était hors de question que je le confie à une nourrice comme mes parents avaient fait avec moi et je voulais profiter de chacun des moments de sa vie. De plus, mon métier étant plutôt prenant, je risquais forcément de ne pas présente pour lui. Bien entendu, je souhaitais continuer mon emploi à la clinique jusqu’à ce que ma grossesse me le permette et vu ma détermination, j’envisageais même de poursuivre jusqu’à mon septième mois.
Nous avions préféré rester plutôt discret sur notre relation et cela me dérangeait absolument pas de m’afficher enceinte sachant que les étudiants de COlombia n’avaient absolument pas à se mêler de mes affaires. Le seul petit hic concerné le doyen qui n’accepterait pas aussi facilement qu’une étudiante, en médecine, qui plus ait, salisse la réputation de la faculté.
-Cela me touche que tu veuilles afficher notre relation au grand jour mais je ne peux pas te laisser faire ça, Allistair ! Tu pourrais perdre ton boulot ! Non seulement tu sors avec une étudiante mais elle est enceinte ? Tu crois sérieusement que le doyen va voir ça d’un bon œil ? Non, non…Le mieux, c’est que j’aille lui expliquer ma situation sans t’y impliquer ! Je lui dirais simplement que je suis tombée enceinte, il n’a pas besoin de savoir qui est le père. Tu adores ton boulot et si tu perdais ta place, je ne me le pardonnerais jamais.
Je caressais sa joue en un geste tendre avant de reprendre quelques gorgées de tisanes. Cette boisson fut la seule chose que je pus avaler pendant quelques temps et en y repensant Ever avait été d’un grand soutien alors que mes nausées matinales me terrassaient. Je n’avais jamais été aussi malade et étais bien heureuse que celle-ci avait disparues pour ne pas imposer ce spectacle à mon irlandais préféré. Désormais, je me sentais plutôt en forme malgré quelques fatigues passagères dans la journée et le fait que je ne dormais plus ces derniers temps.
-De toute façon, continuais-je en reposant ma tasse, j’ai décidé d’arrêter mes études le temps que le bébé grandisse. Ton boulot est prenant, le mien aussi et si je me fais virer cela ne sera pas vraiment un problème. Entre mon bonheur et mon boulot, le choix était vite fait…N’est ce pas ALlistair ? |
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Lun 3 Juin - 14:18 | |
| « Sincèrement ? Je n’aime pas mon taff. Je ne suis vraiment pas fait pour l’enseignement. Tu as bien vu la réputation que j’ai ! Et elle est vraie ... J’aime la philosophie, c’est ma plus grande voire ma seule passion mais je ne supporte pas de devoir l’enseigner à des gens qui n’y comprennent rien ou qui n’en ont rien à faire. »
Il ne lui avait jamais dit qu’en fin de compte, son métier n’était pas absolument pas ce qu’il voulait faire. Il avait plutôt choisi ça par défaut plus qu’autre chose. Quand il était plus jeune, peu de choses l’intéressaient ... Et puis, avec ses diplômes, il ne pouvait pas faire grand-chose. Mais peu à peu, l’idée de démissionner avait fait son chemin dans son esprit. Pourquoi pas ? Il n’était pas épanoui dans son travail ...
« Et puis tu sais, j’en ai marre qu’on ne puisse pas afficher notre relation. Que quand je te croise dans les couloirs, je dois t’ignorer. Que je doive jouer au professeur méchant qui va encore fait une remarque à une élève pour pouvoir te parler tranquillement. De devoir faire attention à ce que personne ne nous voit quand on arrive ou quand on part ensemble. C’est vraiment ... chiant. »
Il avait envie de pouvoir afficher son bonheur au quotidien et pas seulement quand il était sûr que personne ne les verrait. Et puis merde quoi ! Ils étaient majeurs, ils avaient quand même le droit de faire ce qu’ils voulaient. Et de toute façon, il y aurait forcément un problème un jour ou l’autre ... Il ne comptait pas cacher indéfiniment le fait qu’il était père et ses plus proches collègues se poseraient forcément des questions sur la femme qui partageait sa vie. Mais comme d’habitude, Grace allait avoir le dernier mot. Puis il allait éviter de la contrarier maintenant.
« Enfin bon. Maintenant, tu sais ce que j’en pense, mais si tu préfères ne pas m’impliquer, c’est comme tu veux. Mais saches que tu passes avant mon travail ou quoi que ce soit d’autre, c’est clair ? »
Il la prit dans ses bras et la serra contre lui, lui caressant doucement les cheveux d’une main.
« Tu sais quoi ? Je crois que j’ai peur. Il y a tellement de choses qu’on va devoir prévoir que je ne sais même pas par quoi commencer ... Je te préviens tout de suite que je vais sûrement être extrêmement pénible, mais que ce sera pour ton bien. Tu sais comment je suis quand je suis stressé ... »
Pénible ? C’est un euphémisme. Elle allait sûrement vouloir l’étrangler avant la fin de sa grossesse. Enfin en tout cas, il avait fait un gros travail sur lui-même pour réussir à lui avouer qu’il avait peur. Ce n’était pas tous les jours qu’il acceptait ses faiblesses.
« Mais au fait, ce sera un garçon ou une fille ? Ou tu préfères peut-être garder la surprise jusqu'à la fin ... »
|
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Mar 4 Juin - 13:52 | |
| Allistair qui n'aimait pas son boulot ? Je n'en revenais pas. Il ne m'avait jamais confié être lasser par son emploi. D'accord, la plupart des étudiants lui donnaient une réputation de tyran mais une fois l'année terminée, les échos à son sujet n'étaient que positifs. La philosophie était une vraie passion pour lui. Il souhaitait véritablement aider ses élèves et leur faire partager sa matière. Certes, mon irlandais préféré avait très peu de patience avec eux mais cela ne voulait pas dire qu'il était un mauvais prof. A côté de cela, il est vrai qu'il ne se montrait pas très épanoui ces derniers temps concernant son job...
-Tu ne m'avais jamais dit que tu te sentais aussi mal à la fac. Tu me connais, je te soutiendrais quoique tu décides mais je me sentirais vraiment mal à l'aise que tu démissionnes pour notre relation.
Je serrais sa main dans la sienne. Moi aussi j'en avais marre qu'on ne puisse pas montrer notre bonheur au grand jour. J'étais obligée de l'ignorer totalement quand nous nous croisions dans les couloirs. Pour déjeuner ensembles, nous étions obligés de manger dans les sous-sol de la faculté, hyper romantique comme endroit ! Et quand une de ses collègues s'approchait de lui avec un air enjôleur, je ne pouvais même pas dévoiler mon mécontentement en fusillant cette morue du regard. Je voulais crier au monde entier que je n'étais plus « La Reine des glaces », que j'avais trouvé celui qui avait réchauffé mon cœur me rendant complètement heureuse et épanouie. J'avais envie de pouvoir dire à mes copines que j'allais me marier avec Allistair Rowlan, passer de célibataire à en couple sur Facebook, pouvoir me promener main dans la main avec lui sans faire attention à chaque instant, lui sauter dans les bras quand je le retrouvais...A la naissance de notre enfant, nous ne pourrions plus nous cacher. C'était une évidence.
-Je passe avant ton boulot, comme tu passes avant tout pour moi, Allistair. Je t'aime tellement.
Je déposais un baiser sur ses lèvres avant qu'il ne me prenne dans ses bras, me caressant doucement les cheveux. Je l'aimais tellement fort que j'avais parfois l'impression que mon cœur allait explosé. Un léger sourire en coin se dessina sur mes lèvres lorsqu'il m'avoua qu'il avait peur. Allistair était le genre de personne totalement désorganisé et nous avions tellement de choses à prévoir. Nous avions l'habitude de vivre notre vie simplement, sans complication, ni projets. A présent, il fallait prévoir un berceau, des couches, des biberons, des jouets et surtout préparer la chambre où dormirait le bébé. Je sentais que ma carte bleu allait chauffer ! Mais à quoi bon être milliardaire, si ce n'est pour utiliser son argent... Notre vie allait être bouleversée et je sentais qu'Allistair était tout aussi paniqué que moi.
-Allistair, je suis enceinte, pas malade et pour te faire une confidence, je connais déjà le sexe du bébé...Mais, à moins que tu utilises la torture, je ne risques pas de te le divulguer avant la fin de ma grossesse, mon petit vieillard.
Il fit une moue boudeuse et je lui chatouillais les côtes. Je voulais vraiment que cela soit une surprise pour lui. Je n'avais aucune idée s'il préférait avoir une fille ou un garçon, tout ce que je souhaitais c'était un bébé en pleine santé et qu'il ressemble à mon Allistair. Après s'être taquinés mutuellement, nous allumions la télé, blottis dans les bras l'un de l'autre, en regardant le téléfilm de l'après-midi comme un couple banal. Cela faisait tellement du bien de le retrouver, de sentir ses mains se baladaient dans mes cheveux alors qu'il faisait des commentaires sur le film. Il ne pouvait pas s'empêcher de râler en voyant la blonde sortir de la maison alors que le tueur était dehors. En sécurité, mes yeux se fermèrent automatiquement et je m'endormis dans les bras, non pas de Morphée mais de mon prince charmant. A mon réveil , vers 16 heures, Allistair était endormi à son tour, la télé était éteinte mais un feu de cheminée avait été allumée diffusant une agréable chaleur dans la pièce. J'embrassais le front de mon petit ami, déposais une couverture sur lui, puis partis, pieds nus, dans la cuisine chercher quelque chose à grignoter. Je saisissais une boîte de carottes rapées dans le frigo ainsi qu'une tranche de jambon de dinde mais avant que j'eus le temps de me servir, mes yeux s'attardèrent sur un coffre glissé ou plutôt dissimulé sous le vaisselier. Je reconnaissais automatiquement, celui-ci. Ce coffre qui renfermait mon passé, mes peurs, mes erreurs...Ce coffre, si précieux, qui m'avait suivi pendant dix longues années. J'attrapais celui-ci, m'installais en tailleur devant la cheminée pour vider son contenu dans les braises brûlantes. Tout ce qui me reliait à Nate, les photos, les lettres était en train de disparaître lentement consumer par le feu...Il était temps que je passe à autre chose à présent... |
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} Mar 4 Juin - 20:38 | |
| De toute façon, ils avaient encore le temps de voir, non ? Il lui restait à peu près six mois, d’ici là, ils auraient le temps de prendre une décision pour savoir qui allait pâtir de cette situation. Mais Allistair préférait profiter du moment présent. Il savait qu’il aurait beau se concentrer pour essayer d’être plus organisé, il allait finir complètement paniqué et sûr d’avoir oublié énormément de choses. De toute façon, il ne se sentirait jamais totalement prêt, que ce soit maintenant ou dans dix ans. Il aurait trop peur de faire des erreurs, de louper quelque chose ou de ne pas comprendre. Mais c’est ça le dur métier de parents.
« Je sais ... Mais pour une fois, laisses-moi prendre soin de toi d’accord ? »
De toute façon, elle n’aurait pas le choix.
« Alors ça, c’est dégueulasse ! »
Il grommelait plus pour la forme qu’autre chose. L’attente allait être insoutenable. Certes, il s’en fichait un peu, sachant que si c’était une fille ou un garçon, il l’aimerait pareil, mais il allait faire comment pour décorer sa chambre ? Oui, Allistair pensait encore que fille, c’est rose, garçon, c’est bleu ... que voulez-vous, il est un peu vieux jeu parfois.
Le reste de l’après-midi s’écoula tranquillement. Ils regardèrent un téléfilm bien mauvais (mais pourquoi est-ce qu’elle sort de la maison ?! aucune logique cette fille ...). A la fin, il se rendit compte que Grace dormait assez profondément. Il sortit doucement du canapé, éteignit la télévision et alluma un feu de bois, car il ne faisait pas très chaud. Il retourna ensuite prendre sa dulcinée dans ses bras. La journée avait été riche en émotion et il ne tarda pas à s’endormir à son tour ...
Il ouvrit les yeux et se releva, ne sentant plus la présence de Grace à ses côtés. L’irlandais allait la rejoindre, s’asseyant à côté d’elle. Elle finit de brûler le reste de la boîte en silence et ils restèrent un moment à regarder les flammes danser dans l’âtre. Il passa un bras sur ses épaules.
« Maintenant, on peut aller de l’avant. »
Elle venait de se détacher de son passé et il était allé en Irlande se défaire de ses remords. Ils auraient encore besoin de quelques temps avant de pouvoir avancer sans regarder en arrière, mais ils avaient tout fait. C’était le cœur plus léger qu’Allistair envisageait l’avenir. Lui qui n’avait jamais eu de projet, qui avait plus subi sa vie jusqu’à maintenant, commençait enfin à voir un peu plus loin que le lendemain ...
FIN |
| | |
| Sujet: Re: La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} | |
| |
| | | | La communication ne semble pas être notre fort ... {Grace} | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|